Atari, un fabricant trop oublié (2ème partie)

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Les consoles de salons et portables.

 Après une première partie sur l’arcade, nous allons désormais nous intéresser à un autre commerce que popularisa (et non inventa) Atari : les consoles de jeux vidéo.

Les “pong-like”

En 1973, fort du succès de la borne Pong et toujours à l’affût de nouvelles technologies, Atari (désormais uniquement dirigée par Nolan Bushnell) décida de développer une nouvelle forme de jeux vidéo. En effet, impressionné par l’Odyssey, Atari enrôla Al Alcorn, Bob Brown, et Harold Lee pour porter leur succès Pong de la salle d’arcade à la maison.

Après deux années de développement, la console Pong était commercialisée, en 1975. Cependant Nolan Bushnell, pour assurer le succès, a vendu les droits de sa nouvelle console à la firme Sears. Cette dernière payera alors intégralement le coût de production de 150 000 consoles et sera l’unique vendeur.

consoleAtariPong

 Par la suite, entre 1976 et 1978, Atari sortit trois consoles de salons qui n’eurent point le même succès que le fameux Pong. En effet, Atari commercialisa le Video Pinball, le Game Brain et le Stunt Cycle. Ses trois “pong-like”, comme on les appelle, incluaient une compilation de jeux (entre 7 et 13). Un design novateur et l’ajout de nouveaux boutons ne suffirent pour attirer suffisamment d’acheteurs.

Les consoles à cartouches

 La gamme 2600-5200-7800

Après le bide retentissant de leurs trois dernières consoles, Atari était au bord du gouffre. Cependant, toujours grâce au marché florissant de l’arcade, Atari décida de travailler sur une nouvelle console. Une fois encore, Atari fut grandement inspiré par Magnavox qui sortit à cette période là, en France, la première console à cartouches : le Videopac (ou Oddysey2). Atari nomma sa console Atari VCS (pour Video Computer System) et par la suite 2600 ( pour promouvoir l’Atari 5200 ).

La première Atari VCS fut vendue en 1977 aux Etats-Unis, munie du jeu Combat (un combat entre deux Tanks) et d’une paire de joysticks. Pour cette console, les plus gros hits furent des jeux d’arcade sortis quelques années plus tôt (Space Invaders, PacMan ou encore Asteroids). Cependant, l’Atari 2600 est également très connue pour certains de leurs grands titres originaux tels que Jungle Hunt, et ses graphismes resplendissants ou encore Pitfall! tout aussi épatant.

Jusque là, Atari réalisait un très grand coup grâce à cette console. En effet, Atari avait vendu près de 30 millions de consoles. De plus en plus de familles possédaient la brillante Atari VCS.

Alors pourquoi dis-je jusque là ? Non pas à cause d’une féroce concurrence, Magnavox et sa VideoPac ou la Colecovision de CBS (qui commençait à se faire un nom dans les jeux vidéo) n’étaient pas le point noir. Mais bien à cause d’une politique parfois étonnante et des choix douteux qui entachaient la réputation du nouveau-né d’Atari.

Le gros problème était le fait qu’Atari ne rémunérait pas leurs chefs de projets en fonction du succès de leur jeu. Par exemple, Rick Mauer, créateur de Space Invaders, ne fut que payé 11 000 dollars alors qu’Atari avait rempli leur caisse grâce à Space Invaders qui rapportait alors plus de 100 millions de dollars.

Les développeurs de certains grands jeux décidèrent alors de créer Activision, qui regroupait alors les plus gros programmeurs. Et c’est là qu’intervient le gros problème de la VCS. N’importe quel petit programmeur faisant partie d’Activision pouvait développer son propre jeu sur la 2600. De ce fait, beaucoup de très mauvais jeux sortirent sur la première console à cartouches d’Atari comme le légendaire E.T the Extra-terrestrial. Des jeux pornographiques entachaient l’image d’Atari tels que Custer’s Revenge ou encore Bachelor Party.

atari2600

Et ce n’est pas l’arrivée de la nouvelle Atari 5200 qui arrangea tout, en 1982. Ce clone de l’Atari VCS n’apporta pas grand chose de nouveau. De plus, les jeux de 2600 n’étaient point compatibles. Mais la 5200 offrait un marché bien mieux maîtrisé, seulement 68 jeux sortirent sur la 5200 et les contrôles étaient bien plus stricts. Cependant, cela ne suffit et le jeu vidéo vécut une période bien sombre. Le succès des ordinateurs personnels n’arrangea rien au problème et en 1983, les premiers spécialistes constatèrent le premier krach des jeux vidéo.

console-Atari_5200

La suite, tout retrogamer qui se respecte devrait la connaître. Le sauveur Nintendo et sa NES arriva sur le marché du jeu vidéo en 1985 aux USA (1986 en Europe). SEGA, également une nouvelle firme dans le marché des consoles de salon, imposa un peu de concurrence. Atari aussi pointa son nez avec encore une nouvelle console dans la lignée de la 2600 et de la 5200: l’Atari 7800.

Contrairement à son aînée, la 7800 était bien plus intéressante. Atari avait rassemblé toutes les qualités de ses anciennes consoles en laissant de côté tous leurs défauts. En effet, la console était rétrocompatible avec ses ancêtres, elle regroupait une soixantaine de jeux, un total largement suffisant, et améliorait graphismes. Le gameplay a été révolutionné grâce à un joystick bien plus gérable que sur ses deux prédécesseurs. Le système a même été amélioré, il était désormais plus puissant qu’un ordinateur de la gamme ST. Des jeux cultes sortirent également dessus tels que Double Dragon, Kung Fu ou l’excellentissime Ikari Warriors. Tout annonçait une rivale de la NES.

Mais, Jack Tramiel, désormais directeur d’Atari, pensait que la gamme ST avait bien plus d’avenir. Il retarda donc l’arrivée de la console, initialement prévue en 1984, à janvier 1986. Lorsqu’il décida de la mettre sur le marché, la campagne publicitaire fut minimaliste et la console passa quasiment inaperçue. Aux Etats-Unis, les chiffres était alarmant, Nintendo possédait près de 80% de parts de marché. Seulement 3,5 millions de 7800 furent vendues.

Atari_7800

A la suite de cet échec, Atari laissa donc les consoles de salon durant toute une génération pour se consacrer exclusivement aux ordinateurs personnels et à sa première console portable.

Tentative de renouveau avec une gamme féline

En 1986, Epyx, créateur de Summer Games ou encore Winter Games (ancêtres de California Games), se lança dans un nouveau projet prometteur. Jim Connelley et Jon Freeman, les créateurs, entamèrent le développement de la première console portable à cartouche nommée Handy (portable en allemand). Inspirés par les Game&Watch de Nintendo, la Lynx fut d’abord proposée à Nintendo, qui refusa de prendre sous son aile le projet. Nintendo et Gunpei Yokoi, déjà créateur des jeux électroniques du géant japonais, travaillaient sur le fameux Game Boy. Après avoir essuyé ce refus, Epyx contacta une firme en perte de vitesse : Atari.

La gamme ST commençant à s’essouffler, Jack Tramiel et son équipe dans un besoin de renouveau, accepta le projet. C’est ainsi qu’en octobre 1989, aux Etats-Unis, Atari lança sa console sur le marché, baptisée Atari Lynx, trois mois après le Game Boy. 

Chacune de ses deux consoles avait des arguments à faire valoir. La Lynx possédait un écran LCD couleur, contrairement au Game Boy et son écran monochrome. Epyx avait également développé une console bien plus puissante et des graphismes plus fins. Gunpei Yokoi, lui, avait plus mis en valeur l’autonomie et le côté pratique de sa console. Le Game Boy était bien plus petit et son autonomie était bien plus conséquente (4 à 5 heures et 6 piles pour la Lynx contre environ 20 heures et 2 piles pour le Game Boy). Le prix aussi était bien plus avantageux pour Nintendo. Le Game Boy a été commercialisé pour environ 100€ ( 590 francs à l’époque) contre 150€ pour la Lynx.

Mais le problème persista encore et encore pour Atari, trop peu de jeux corrects sortirent. Il y avait bien l’excellent SwitchBlade II, des jeux de réflexion comme Crystal MinesLemmings adapté sur plusieurs supports ou encore des anciens titres d’arcade tels que Rygar ou Robotron 2084, cela ne suffit à attirer un public massif. La réputation d’Atari après le krach de 1983 n’arrangea rien et les acheteurs se tournaient plutôt vers la valeur sûre qu’était Nintendo. La campagne publicitaire, quant à elle, était inexistante tout simplement.

Après la sortie de la Game Gear de Sega, Atari, sûr du potentiel de sa console portable, sortit une version améliorée de la Lynx : la Lynx II. Elle était plus petite, possédait un écran légèrement plus grand et avait une meilleur autonomie. Elle relança les ventes de la Lynx mais ne suffit à opposer une sérieuse opposition au Game Boy.

Atari-lynx-1

Au final, la Lynx ne s’en sort pas si mal avec 6 millions d’unités vendus mais cela pèse peu par rapport aux 10 millions de la Game Gear et surtout aux 120 millions du Game Boy. En 1993, Atari laissa quelques années de côtés sa console portable mais, dans un baroud d’honneur, la commercialisa à nouveau en 1995 en parallèle avec la Jaguar. Sans réussite.

En 1990, des ingénieurs de la firme Flare Technology déclarent ouvertement pouvoir produire une console supérieure à la Super Nintendo et à la MegaDrive. Après le semi-échec que fut la Lynx, Atari, en chute libre, accepta de financer le projet nommé Jaguar, dans la lignée de la Lynx. La campagne publicitaire était surtout axée sur le fait que la Jaguar possédait un système 64 bits. Cependant les 64 bits étaient surtout atteints grâce à des accélérateurs graphiques. En 1993, sortit donc la Jaguar aux Etats-Unis, fournie avec le jeu d’action CyberMorph. Une fois n’est pas coutume, la ludothèque était encore bien trop limitée malgré de très bons jeux comme Rayman, que certains considèrent encore comme la meilleure adaptation de la licence, Alien VS.Predators ou encore le FPS Wolfenstein 3D.

Atari-jaguar

La première année, les ventes aux Etats-Unis étaient tout bonnement catastrophiques. Moins de 125 000 unités furent vendues. Atari tenta un dernier coup avec le périphérique Jaguar CD qui permettait de jouer à des CD-Rom, mais seulement 13 jeux sortirent dessus et la venue de la PlayStation et de la Saturn acheva Atari. La Jaguar sera produite jusqu’en 1996. Après cette énième échec, Atari se retira du marché des consoles.

Désormais, Atari officie surtout dans l’édition et la distribution de jeux vidéo et s’est lié à Infogrames en 2001. Mais on se souviendra toujours d’Atari comme la première firme à avoir ramené le jeu vidéo de la salle d’arcade à notre salon et à nous faire rêver grâce à ses nombreux titres d’arcades plus intéressants les uns que les autres.

5 Commentaires

  1. Je n’avais pas aimé la première partie, mais la deuxième est extra!

    Surtout que tu viens de m’apprendre que ce n’est pas SEGA qui à sortit la premiere portable couleur, mais bien ATARI

    Article très intéressant. Merci

  2. En fait, je ne connais pas grand chose à propos de l’arcade. Du coup, j’ai été bien plus inspiré dans celle-ci.

    Quand au faite que Sega n’a pas créé la première console portable, trop peu de gens l’ignorent encore, et je trouve ça dommage 😉

    En tous cas merci pour ton com’ ! 🙂

  3. c’est Jack Tramiel, pas Jack Tamriel ( la faute est présente 2 fois…)

    merci pour l’article

    ils auraient pas du nommer leur dernières consoles Lynx et Jaguar, vu que ce sont 2 animaux menacés de disparition… c’était pas très malin

    • J’avoue que le choix des noms est particulièrement adapté au succès des deux consoles ^^
      Et pour Jack Tramiel, j’ai été sûrement trompé par le nom du monde de la série des Elder Scrolls ! 🙂

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